Aujourd’hui je vais vous présenter quelques animaux emblématiques de Crozet. Maniaque de l’organisation comme je suis, j’aurais préféré faire plusieurs articles rangés par catégories (oiseaux, mammifères, invertébrés, …), mais si par exemple, j’avais attendu d’avoir les bonnes vidéos/photos de tous les oiseaux de Crozet, alors je n’aurais pas pu sortir d’article avant la fin de l’hivernage. Quoiqu’il en soit, voici un premier article sur les animaux de notre petit caillou : il s’agit de ceux auxquels on pense en premier (manchots, albatros, orques, …), mais évidemment il en existe bien d’autres que vous aurez l’occasion de découvrir dans de prochains articles. Vous trouverez ci-dessous une petite description de chaque espèce présente dans la vidéo.

J’en profite pour rappeler que toutes les manipulations qui sont effectuées sur des animaux ont été validées en amont par des comités éthiques et scientifiques. Ici rien n’est fait au hasard, car fort heureusement de nombreuses règles sont en place pour protéger la faune et la flore présentes dans les Terres Australes. Pour chaque protocole, un nombre précis d’animaux est déterminé de manière à avoir un impact minimum. De plus, hors cadre scientifique, des distances minimales sont à respecter pour chaque espèce afin d’éviter les dérangements. Mais il peut arriver que ce soit ces animaux en questions qui viennent vers vous, car ils sont souvent curieux, il faut alors rester calme et ne pas faire de gestes brusques. Enfin, il est strictement interdit de prélever quoi que ce soit (pierres, os, plumes, …) à moins que cela soit demandé dans un protocole scientifique. C’est grâce à tout cela que la biodiversité est ici préservée.

Les skuas subantarctiques

Toujours là pour profiter de la faiblesse des autres. Un poussin de manchot ? Un éléphant de mer blessé ? Tout est bon pour se nourrir. Et pour peu qu’on se soit allongé un peu trop longtemps, il n’est pas rare qu’un skua vienne nous picorer les bottes. Sûrement pour goûter ?

Les albatros fuligineux

Que dire à leur sujet ? À mon avis ce sont ceux qui ont le profil aérodynamique qui se rapproche le plus d’un avion de chasse. Quel plaisir de les voir voler le long des falaises, et de les entendre crier. Oui, je dis bien “crier” et non “chanter” comme pour les autres oiseaux, car le son qu’ils émettent ressemble davantage à un cri de douleur, qu’au chant d’un rossignol. C’est assez surprenant la première fois.

Les grands albatros

Le plus grand oiseau marin de notre planète. Jusqu’à 3m50 d’envergure. De bons gros poulets, car si ces derniers ont la classe lorsqu’ils volent en mer, ils perdent néanmoins toute crédibilité lorsqu’ils se déplacent à terre, et sont incapables de décoller autrement que face au vent à cause de leurs grandes ailes. Heureusement qu’ils compensent avec la beauté de leurs parades : tête vers le ciel et ailes déployées. Et lors de manip, c’est toujours impressionnant de se retrouver à côté d’eux, si gros, et si blancs.

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© Arnaud FARRE
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Les otaries (de Kerguelen et d’Amsterdam)

Oooooh elles sont si mignonnes … mais … elle grogne là … et elle s’approche aussi … mais … Grrrrr …. mais elle me charge là !! Et oui, nous avons affaire ici aux animaux probablement les plus dangereux de Crozet. Dans l’histoire des TAAF, de nombreuses blessures ont été causées par les otaries. Fort heureusement, nous sommes dans une Réserve Naturelle et ne devons donc pas nous approcher de ces animaux sans raisons. Mais cela est parfois nécessaire pour la réalisation de certains protocoles scientifiques, il s’agit donc d’être prudent. Mais il est important de noter qu’il n’y a pas que les féroces adultes. Il y a également les petits bébés, les pups comme on les appelle ici. Eux sont si attachants, de vraies petites boules de poils dont le cri ressemble au bêlement du mouton.

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Les épaulards

Les légendaires rois des mers. Je n’aurais jamais cru avoir un jour la chance d’observer ces individus dans leur milieu naturel, et de si près. Mais les orques savent se faire désirer, ils ne sont pas souvent là, et on ne peut compter que sur la chance pour les observer.

Les manchots papous

Les papous ? Je n’ai pas trop d’anecdotes à leur sujet, alors on va sortir une info à la Wikipédia : Les manchots papous sont les manchots les plus rapides sous l’eau, ils peuvent nager jusqu’à 35km/h.

Les éléphants de mer

Ces maîtres des profondeurs, pouvant dépasser les 2000m de profondeur … passent en réalité une grande partie de leur temps allongés sur les plages, à roter et à péter. Et oui, ça, on ne vous le dit pas dans les livres d’SVT au lycée. Ce sont les bonnes surprises du terrain. Mais cela peut-être utile lors des soirées en cabanes, pour peu que l’on ait mangé un peu trop de flageolets la veille, il est toujours possible de faire croire à ses coéquipiers que ce sont les éléphants, juste devant la cabane, qui viennent de lâcher une flatulence. Les pauvres, je ne suis pas en train de leur donner une très belle image. Pourtant, ce sont en réalité ceux qui m’ont le plus marqué : lorsque nous venions d’arriver à Crozet (et que nous n’avions pas encore eu l’occasion de voir un seul animal “de près”), j’ai dû me rendre en hélicoptère à l’une des cabanes de l’île pour décharger du matériel. Et là, lors de l’approche, que vois-je sur la plage ? Des espèces de grosses limaces qui s’agitent. Mais qu’est-ce donc ? Ne serait-ce pas des éléphants de mer ? Et oui en effet, c’est bien ça. Vient alors la descente de l’hélico, et là, c’est la folie : des bonbons (bébés éléphants de mer) partout ! Avec des yeux énormes et tout mignons. C’était si difficile de rester concentré sur le déchargement du matériel apporté par l’hélicoptère avec ces gros bébés à proximité. Jamais je n’oublierai ces premiers échanges de regards avec les jeunes éléphants de mer de la cabane de BUS.

Les gorfous macaronis

Attention, à ne pas confondre avec les gorfous sauteurs, car eux aussi ont de gros sourcils jaunes. Alors comment faire la différence ? C’est facile. Les macaronis ont un monosourcil, ce qui n’est pas le cas des sauteurs.

Les manchots royaux

Pour terminer, le plus emblématique de tous, celui qui est présent sur la plupart des tampons postaux et des logos de missions : je parle bien sûr du manchot royal ! Plus de 22000 couples sont présents en BDM (la colonie la plus proche de la base où nous vivons). Ces petits êtres si majestueux, ne serait-ce que par leur nom, nous ont tous fait rêver. Quelle émotion ça a été de les voir pour la première fois depuis le pont du Marion. Et plus encore, lors de la première descente en BDM, de se retrouver au milieu de milliers de manchots ! Sur de nombreux blogs j’avais entendu dire que contrairement aux apparences, les manchots avaient une odeur nauséabonde. Mais je ne trouve pas que ce soit si frappant. Ou bien peut-être que nous nous sommes acclimatés. Ce qui, à force de passer des journées entières dans du guano de manchot, et au milieu des cadavres, ne serait pas étonnant. On s’y fait. Mais malgré tout ça, on les aime ces petits manchots, car ils continuent de nous faire rêver constamment. A chaque période, on découvre quelque chose de nouveau : les mues, les naissances, les poussins, les crèches, … un cycle qui dure 1 année, comme notre hivernage, donc pas le temps de se lasser.

Photos en vrac